Que ceux qui pensent que la vie s’arrête après la mort s’arrêtent là. Le travail de deuil peut être une vraie occasion de transformation intérieure. Faire la différence entre le deuil psychologique et le deuil spirituel me semble important. Quel autre deuil que celui de mon animal ai-je à faire au cours de cette expérience que me présente la vie et qu’en pensent les animaux ?
Deuil psychologique et deuil spirituel
Il ne faut pas mélanger les deux chemins. Ils marchent main dans la main mais il y a le processus psychologique qui est malheureusement toujours long en tant que tel et le processus spirituel.
Le processus de deuil nous ramène au cœur du cœur de nous-mêmes. Et ce cœur du cœur de nous-mêmes, c’est aussi le lieu de l’esprit, de l’âme. C’est dans ce lieu que se fabrique tout le lien avec le disparu. C’est cela, l’enjeu et la finalité du deuil : créer le lien intérieur avec l’être décédé. C’est préserver ce lien, la souffrance en moins, au fil du temps avec l’être disparu.
C’est aussi le lien qu’on rencontre dans la méditation. Quand notre esprit se pose, il va spontanément dans ce lieu à l’intérieur de nous-mêmes. Et là, il y a la possibilité dans le vécu du deuil de reconnaître ce lieu-là et de ne pas l’associer à la perte. Il y a ce lieu-là qui nous est amené par la perte mais la perte nous révèle quelque chose de ce lieu-là. La perte présente une occasion qu’on n’a jamais eue, c’est de découvrir à la fois l’être qu’on a perdu mais aussi soi-même. Le cœur du cœur de soi-même peut nous être révélé par ce processus douloureux mais qui, après plusieurs années peut être un lieu de quiétude où on rencontre l’être qu’on a perdu en paix. Donc deuil = oubli, il faut complètement oublier. Au contraire il vaut mieux accueillir le deuil comme une réalité et accompagner le processus du mieux qu’on peut pour pouvoir installer au fil des années cette présence précieuse à soi.
Il faut essayer de poser son esprit pour faciliter l’accès à cette dimension-là car ce n’est pas facile de poser son esprit alors qu’on est submergé par le chagrin, la détresse et le manque. Mais essayer de le faire autant qu’on peut, permet d’ouvrir notre cœur aux émotions qui se lèvent. Il faut essayer de les rencontrer telles qu’elles sont, ne pas chercher à transformer, ne pas chercher à s’opposer, laisser faire, laisser aller, laisser couler.
C’est pour moi la seule approche intérieure qui est nécessaire. Après, il y a tout ce qu’on peut faire pour l’autre. Se mettre en paix, si on considère qu’il y a une continuité de la conscience après la mort, invite l’autre à se mettre en paix.
On peut aussi mettre de la lumière et inviter l’âme à poursuivre son chemin et la laisser partir. Je suis dans la peine mais je te laisse partir. On peut être dans une peine terrible, un manque effroyable, vivre l’absence au jour le jour de façon tragique et en même temps, au fond de son cœur, dire à l’autre qu’il peut partir et continuer son chemin, qu’il peut rester en lien avec nous de façon subtile.
Quel autre travail de deuil ?
Le deuil engendre un processus qui remet en question le territoire de l’ego, c’est un processus de déstructuration et de restructuration de notre être. Pourquoi ne pas utiliser ce moment de fragilité et de remise en question, pour aller explorer plus en profondeur les mécanismes de l’ego et pousser la remise en question jusqu’à aller vers le deuil de l’ego lui-même.
Pourquoi ne pas utiliser ce temps du deuil afin d’avancer vers plus de générosité, plus d’éveil, plus de lucidité. Le processus du deuil peut alors devenir un processus spirituel.
Approcher le deuil d’un point de vue spirituel signifie remettre le territoire de l’ego en question jusqu’à reconnaître ce qu’il voile, la nature de l’esprit.
L’égo nous conduit à croire et à nous identifier à quelque chose qui n’a pas l’existence qu’on lui donne. C’est là qu’est le cœur de nos souffrances, la cause de nos insatisfactions. Nous donnons une existence à ce qui ne l’est pas vraiment.
Nous sommes tellement fascinés par notre monde, qu’il nous semble être le seul monde possible. Nous oublions la réalité de l’autre et surtout la réalité de son impermanence. Nous vivons comme si nous et les autres avions toujours été là et le serons toujours, nous vivons dans l’illusion de l’éternité. L’idée de la mort, de la fin, du changement est insupportable au territoire de l’ego qui est fondé sur l’identification au solide, au figé, à une entité. La mort, la rupture, la perte viennent alors comme une agression. La perte entre dans notre monde et vient déstructurer notre territoire.
Sans cette présence de l’égo, notre esprit n’est ni limité ni entravé par quoi que ce soit, il est comparable à l’espace, à un ciel sans nuage. Cette vaste ouverture n’est pas un grand vide, mais elle regorge de qualités telles que la compassion, la clarté, la précision.
Qu’en pensent les animaux ?
Les animaux sont, comme les êtres humains, des entités conscientes qui animent une forme physique. Contrairement à beaucoup d’humains de notre société moderne, les animaux perçoivent parfaitement leur dimension spirituelle et regardent leurs enveloppes physiques comme des demeures passagères. De ce fait, ils acceptent la vie et la mort comme un cycle naturel et éternel.
« Représentons-nous le corps physique comme un vieux vêtement que nous enlevons et laissons derrière nous au moment où notre esprit passe le seuil de la mort. Comme l’exprimait un chat roux tigré : la mort, ce n’est pas grand-chose. Mais nous sommes parfois très attachés à nos vieux vêtements. » Jacquelyn Smith, auteure de Animal communication, our sacred connection.
Depuis que je communique avec les animaux, j’ai découvert que pour eux, la mort fait partie de la vie.
« Ils peuvent bien sûr souffrir de la perte d’un être aimé comme le font les hommes, ou être réticents à quitter leur corps à un certain moment ou dans certaines circonstances. Mais ils ne sont pas conditionnés socialement par les membres de leur espèce à regarder la mort physique comme une fin horrible ou quelque chose de redoutable. Ils savent que la mort est une transition vers un autre état d’être… » Déclare Pénélope Smith dans son livre « Les animaux ne meurent pas »
Toutefois la nature de la relation entre l’humain et l’animal peut compliquer ce processus naturel pour lui :
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Un attachement excessif peut amener l’animal à s’accrocher même si ça devient très difficile car il sent que son gardien n’est pas prêt à le laisser partir.
« Au lieu de partir dans la dignité et la paix, compris et approuvés par leurs maîtres, ils se sentent parfois obligés de subir tous les traitement possibles et de tenir bon, malgré de terribles souffrances et un affaiblissement fatal. » dit encore Pénélope Smith.
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Certains animaux peuvent aussi faire le choix de partir seuls d’une part pour ne pas causer de souffrances à leur entourage, d’autre part car ils ont besoin de se concentrer pour quitter leur corps. Se libérer du corps physique et dénouer certains liens énergétiques demande beaucoup d’énergie.
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En général, ils ont besoin que l’entourage reste paisible et les manifestations émotionnelles intensives autour de leur fin de vie rend plus difficile le déplacement de l’esprit hors du corps. En général, les autres animaux sont des modèles de calme vigilant et de respect envers l’animal qui s’en va.
J’ai vu un troupeau de chèvre veiller pendant trois jours la dominante du troupeau. Elles faisaient cercle autour d’elle à une distance de trois mètres avec une attitude bienveillante et dans un calme religieux ce qui est un exploit pour des chèvres qui sont d’ordinaire beaucoup plus agitées.
Voir article SOS Bulle d’amour sur le rapport des animaux avec la mort
La question qui revient souvent dans les groupes de parole que j’anime est : comment sait-on quand le moment est venu ? Je parle bien sûr de la communication intuitive qui permet de suivre l’évolution de l’état et des sentiments éprouvés par l’animal lors de sa fin de vie. Cela rend le processus d’agonie beaucoup plus facile et fluide pour lui et pour ceux qui sont autour de lui.
Mais je dis aussi, pour l’avoir vécu personnellement, que les animaux peuvent nous envoyer des signes car ils ont l’intuition du moment où ils vont partir et savent le faire savoir.
Il n’y a pas de mode d’emploi sur la façon de mourir et chaque mort est unique. Mais, en tout état de cause, je pense que nos animaux, êtres de conscience et de lumière, méritent vraiment qu’on leur laisse la liberté de partir quand et comment ils veulent et qu’on les honore pour les remercier de nous avoir fait ce cadeau de venir partager nos vies.
Dispositif d’accompagnement deuil animal
Groupes de parole autour de la mort et du deuil
Professionnel du soutien deuil
Comment faire le deuil d’un animal domestique