Il faut savoir qu’un enfant est capable de vivre un deuil.
Ce qu’il en retiendra, lui servira plus tard pour la perte d’une personne chère, membre de la famille ou proche.
Il est donc très important de ne pas lui éviter le contact avec la mort et lui mentir mais que lui dire, que faire ou ne pas faire et comment l’aider à installer le souvenir de son compagnon de jeu au fond de son cœur.
Quoi dire, pourquoi et comment ?
Il est important d’associer les enfants au décès de l’animal qui a fait un bout de chemin avec eux. Paradoxalement, le deuil est souvent plus difficile pour l’adulte que pour l’enfant, à condition que l’enfant soit accompagné dans cette épreuve.
“La mort de son chat ou de son chien est très souvent pour l’enfant sa première expérience de la mort et du deuil. S’il est accompagné avec douceur et compréhension par ses parents, cette expérience va lui donner l’occasion de construire en lui une base solide et saine pour faire face aux pertes ultérieures de son existence”, écrit Frantz Cappé dans son ouvrage, « Mon chat, mon chien va partir ».
Pourquoi le dire ?
Un enfant doit savoir la vérité. Ne pas savoir est beaucoup plus angoissant pour lui. Il risque de le chercher ou de l’attendre pendant longtemps. Lorsqu’un animal meurt, il vaut mieux en parler tout de suite à l’enfant au lieu de remettre à plus tard la conversation. Il pourrait se sentir écarté et trahi si vous attendez trop.
Pourquoi ne pas profiter de cette épreuve pour parler de la mort avec vos enfants, s’ils sont en âge de comprendre et essayer de leur faire intégrer que la mort fait partie de la vie.
Pour mieux préparer l’enfant à ce passage inévitable du cycle de la vie, la psychologue Maïté Tranzer conseille d’en parler avec l’enfant quand l’animal est encore en forme. “On lui fait comprendre qu’il n’est pas éternel”, indique-t-elle. Et quand l’heure de partir a sonné, on peut faire des petits rituels symboliques comme un enterrement ou faire pousser une fleur en son hommage.
Comment le dire ?
Il s’agit d’utiliser les mots justes.
Quand on aborde un sujet aussi grave que la mort avec un enfant, il est nécessaire d’utiliser les mots appropriés. Il faut lui expliquer les choses avec des termes clairs, simples et précis et éviter les ambiguïtés. Les enfants sont parfaitement capables d’entendre le mot « mort ».
Il ne faut pas hésiter à employer les termes « mourir, mort, décès, décéder, euthanasie… » et éviter les images comme le chien est « parti au ciel », ou le chat « s’est endormi ».
Il vaut mieux s’abstenir également de lui raconter qu’il s’est enfui ou est allé vivre dans une autre famille. Comment comprendra-t-il que son meilleur ami, son confident, l’a abandonné ? Il va associer la fuite de l’animal à un manque d’amour de sa part.
Ce n’est pas la peine non plus de raconter les détails morbides inutiles.
L’enfant est tout à fait à même de comprendre que le corps des animaux, comme celui des humains, est comme une machine, qu’un jour il cesse de fonctionner parce qu’il est très vieux et que l’on ne peut pas le réparer. Et pour l’enfant qui ressent de l’angoisse face à la mort, il sera rassuré si on lui dit que toutes les maladies ou les blessures n’y mènent pas forcément. Soyez clair sur le fait que l’animal ne reviendra plus mais qu’il est heureux et qu’il ne souffre plus.
Le cas particulier de l’euthanasie
Dans le cas d’un décès prévisible, si l’animal est très vieux ou qu’il souffre, la question de l’euthanasie est inévitable. Il est capital de ne pas écarter l’enfant voire même le préparer à l’avance, l’aider à comprendre que l’état de son animal ne va pas s’améliorer. Cela lui permettra de lui dire adieu et de mieux assimiler son départ.
“C’est important d’expliquer la vérité aux enfants, de ne pas minimiser. À 5 ans, on a la capacité de comprendre la mort”, souligne Maïté Tranzer. En cas d’euthanasie “on peut dire par exemple qu’il n’a pas souffert, que le vétérinaire l’a aidé à mourir”, ajoute-t-elle.
Dites à votre enfant que son animal est mort car il était malade et qu’il n’y avait rien à faire pour le sauver. Expliquez-lui, par exemple, que le vétérinaire a dû endormir définitivement son chat avec une piqûre pour l’empêcher de souffrir.
Vous pouvez également si l’enfant le demande, et si l’animal n’a pas de séquelles physiques importantes lui montrer le corps. Cela peut l’aider à comprendre plus rapidement que celui-ci ne reviendra plus. C’est le mettre
face à une réalité à laquelle il ne pourra de toute façon pas échapper dans le futur.
Que faire et ne pas faire
L’enfant est capable de suivre un processus de deuil. Le décès d’un animal domestique est souvent le premier contact avec la mort, et c’est un enseignement qui les aidera à comprendre et à surmonter leur peine le jour où elle touchera un être cher.
Ne pas occulter la mort de l’animal
Dans tous les cas, dire la vérité, sans forcément entrer dans les détails, est la seule manière pour aider l’enfant à supporter la mort de son compagnon. On pense bien faire en racontant des jolies histoires, mais on n’apprécie pas toujours les angoisses qu’elles peuvent provoquer chez l’enfant qui n’est pas toujours en mesure de les comprendre et peut les prendre au premier degré. Dire que le chat s’est « endormi », par exemple, peut provoquer un blocage au moment d’aller au lit par crainte de ne pas se réveiller.
Ne dissimilez pas votre propre tristesse. C’est normal que la disparition de l’animal vous touche vous aussi. Restez vous-même. Partager le chagrin avec lui peut l’aider plus tard à exprimer d’autres souffrances.
Réconforter l’enfant
Assurez-vous que votre enfant a bien compris que vous êtes disponibles pour l’écouter à tout moment s’il a envie de parler. Laissez-le exprimer ses émotions et apportez-lui du réconfort s’il se met à pleurer en le rassurant et en le prenant dans vos bras.
Encouragez-le à vous exprimer ses craintes, ses inquiétudes sur les circonstances du décès de son animal et répondez simplement à ses questions.
Encouragez-le à continuer ses activités quotidiennes. Il vaut mieux qu’il reste actif et impliqué pour l’aider à reprendre le cours de sa vie.
Aider l’enfant à faire son deuil
Comme toute la famille, l’enfant va vivre ces moments dans un grand sentiment de tristesse. Il vaut mieux ne pas l’empêcher d’exprimer ses émotions. Pleurer, c’est normal et libérateur !
Il ne faut pas hésiter à montrer son propre chagrin en pleurant avec lui tout en gardant une certaine réserve. Évitez de manifester un trop grand désespoir pour ne pas l’effrayer.
C’est une période où il faut beaucoup écouter. Ils ont besoin de confier leurs craintes, leur culpabilité, leur colère, leurs regrets…
Si jamais l’enfant a été témoin de la mort de l’animal lors d’un accident, il faut l’encourager à en parler.
Il faut répondre à toutes les questions, même les plus choquantes, elles sont normales et saines elles font partie du chemin de deuil.
Il existe des livres sur le sujet qui peuvent vous aider, et que vous pouvez lire avec votre enfant pour lui permettre d’intégrer le concept de mort.
Bien sûr, certains parents seront tentés d’acheter un autre animal rapidement. Attention, un remplacement trop hâtif peut bloquer le processus du deuil. L’enfant est capable de faire la différence et n’acceptera pas nécessairement le nouvel animal. Si votre enfant exprime son désir d’en avoir un autre immédiatement, essayez de laisser passer quelques mois avant de le faire.
Si au contraire il exprime qu’il ne voudra plus jamais avoir un animal, on respecte son choix. Il changera certainement d’avis avec le temps quand sa peine sera atténuée. Et cette période de transition lui permettra aussi de mieux accepter le nouveau sans chercher à retrouver en lui les qualités de celui qui est parti.
Le processus de deuil peut être long, mais il est nécessaire à l’acceptation de la mort et il faut vraiment soutenir votre enfant sur ce chemin.
Commencer à installer le souvenir du cher disparu dans le cœur de la famille
S’il n’a pas été envisageable de dire au revoir à l’animal avant ou après son décès pour diverses raisons (la principale étant que l’enfant n’a pas voulu s’y confronter), c’est bien d’organiser un temps familial pour lui rendre hommage.
Ce sera l’occasion de lui dire combien il manque, combien il a été aimé et d’éveiller les bons souvenirs.
Préparer une cérémonie spéciale pour l’enterrer ou pour disperser ses cendres.
C’est une excellente façon de donner une réalité à la mort de l’animal que d’aider l’enfant à lui dire au revoir. Préparez-la en famille avec les enfants si vous pensez qu’ils sont prêts à le faire. Si le corps n’a pas été récupéré, il est possible d’enterrer son jouet préféré ou un objet fabriqué spécialement pour lui.
Il est important qu’il y ait création d’un lieu où les enfants pourront venir rêver, se recueillir, lui parler… comme ils le faisaient quand il était vivant, en fait entretenir un peu sa mémoire.
Cela peut être un coin dans la maison, comme un petit autel, où vous mettez une photo de lui avec une bougie à côté pour lui envoyer de la lumière. Il sera possible d’y rajouter des objets-souvenirs, un album-photo dans lequel vous aurez tous ensemble réuni vos photos préférées, une lettre que les enfants auront écrite avec votre aide pour exprimer ce qu’ils ressentent.
Cela peut être un coin dans le jardin, où vous plantez un arbre ou une fleur qui honorera sa mémoire.
Comment les enfants peuvent réagir ?
La réaction de votre enfant va dépendre de son âge et de ses expériences passées avec la mort. Et souvenez-vous que ce n’est pas la taille ni le type d’animal qui importent, mais l’intensité de la relation qu’ils avaient installée.
Il ne pleure pas
Cela peut être normal et plutôt fréquent avant 5 ans. Les enfants connaissent le concept de mort, mais ils ne comprennent pas que c’est définitif. Ils semblent être indifférents, leurs compagnons leur manquent, mais surtout pour les jeux. Ils pensent que l’animal a eu un problème et parfois, ils attendent qu’il revienne. À ce stade, il est important de leur expliquer clairement le concept va les aider à comprendre plus tard ce qu’est la mort. Il faut leur donner des explications simples et justes. Pour eux, ça ne sera pas une histoire de deuil mais une expérience de séparation et de perte.
Il pleure beaucoup
À partir de 5 ans, l’enfant peut comprendre que son animal a disparu et qu’il ne reviendra pas. Si les larmes coulent à flots, ne l’empêchez pas d’exprimer son chagrin. Pleurer lui fait du bien. Il faut leur dire que le chagrin est naturel, nécessaire à l’apaisement et il faut parler car ils ont besoin d’en discuter ouvertement pour être rassurés.
Il pose plein de questions
Après 8 ans, Les enfants sont curieux. Dans notre société où la mort est taboue, être mis en sa présence est source d’interrogations. Vous aurez droit à des questions ou des remarques un peu étonnantes. La mort de notre chien, quand mon fils avait 9 ans, m’a permis de savoir que lui, il ne voulait pas être enterré mais couché sur le toit de la maison pour pouvoir voir le ciel.
À cet âge-là, ils savent que la mort est irrévocable et sont capables de comprendre qu’on a « fait euthanasier le chien parce qu’il souffrait trop ».
Les plus grands poseront de nombreuses questions. Il vaut mieux leur faire grâce des détails mais ne pas éluder les interrogations fréquentes comme « est-ce qu’il a mal, est-ce qu’il a froid ? » qui les rassure et les apaise.
Enfin, soyez vigilant et guettez les signes qui indiqueraient que l’enfant a du mal à gérer son deuil : tristesse qui dure dans le temps, difficultés à l’école, problèmes de sommeil… Dans ce cas, pensez à la thérapie avec un professionnel du deuil ou un spécialiste de l’enfance.
Dispositif d’accompagnement deuil animal
Groupes de parole autour de la mort et du deuil
Professionnel du soutien deuil
On ne peut jamais protéger complètement ses enfants des épreuves de la vie.
C’est une manière de se prémunir soi-même mais c’est leur enlever une bonne occasion de grandir et de se préparer à la vie et aux deuils inévitables qu’ils auront à faire. Il ne sert donc à rien de vouloir les mettre à l’abri de la mort de leur animal chéri. En mourant, votre animal offre un dernier cadeau à votre enfant. Essayez de l’appréhender de cette façon plutôt que comme une source de stress supplémentaire.
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