« Faire son deuil »… Cette expression qu’on nous assène souvent pour nous inviter à « passer à autre chose ». Mais comment passer à autre chose quand on a perdu, parfois de façon inattendue, ce cheval magnifique avec lequel on volait dans le vent. Le deuil, c’est un travail long et complexe mais essentiel pour redire un jour OUI à la vie. Qu’est ce qui rend ce travail si difficile, Qu’est ce qui nous attend sur ce chemin et quand faut-il oser demander de l’aide ?
Les circonstances de la mort de votre cheval
Un des principaux facteurs de complication du deuil reste les circonstances de la mort de l’animal.
En plus de sa fonction d’animal de compagnie, le cheval, soi-disant la plus noble conquête de l’homme, est un animal qu’il va beaucoup faire travailler. Outre le fait qu’il a longtemps servi de nourriture, il va être pendant des siècles utilisé comme un outil :
- pour aider l’humain dans son travail (cheval de trait, cheval de halage, cheval de mine)
- pour ses déplacements et ses communications : le cheval a été pendant longtemps le seul moyen pour voyager loin (cheval d’attelage et de poste.
- Pour se défendre (cheval de guerre)
Face à l’industrialisation et à la mécanisation de notre société, aujourd’hui, l’usage principal du cheval en France est centré sur l’équitation « sport/loisir ».
Mais le cheval, qu’il soit de course (trot, galop, endurance), de sport (concours complet, saut d’obstacle, attelage) ou de loisirs (randonnées) participe avec l’homme à des activités qui exigent parfois une grande agilité et une résistance à toute épreuve.
Or le cheval, de par sa morphologie et sa physiologie, est aussi un des amis de l’homme les plus fragiles qui l’expose assez fréquemment à des accidents.
Les cavaliers sont donc confrontés plus que les autres propriétaires d’animaux domestiques à des décès dans des circonstances qui ne facilitent pas le travail de deuil.
Plus la mort est soudaine, plus elle fait souffrir les maîtres. Un accident rend beaucoup plus difficile l’acceptation de la mort. La phase de déni est beaucoup plus longue quand le propriétaire n’a pas pu s’y préparer. Si en plus, il a été témoin de cette mort traumatique, cette vision le hantera et, là encore, le deuil sera difficile.
« Mon cheval a chuté à l’obstacle. Le moment où la véto m’a dit : Sois forte Amélie je vais le faire partir, tourne en boucle dans ma tête. C’est vraiment trop dur, il est parti dans mes bras et son regard d’au-revoir était magnifique mais très dur à supporter!!! »
La mort d’un cheval jeune peut aussi perturber le deuil du maître. Il considère que son compagnon n’a pas assez vécu et il est confronté encore plus à l’injustice.
Par ailleurs, contrairement aux autres animaux moins imposants, le devenir du corps d’un cheval est beaucoup plus problématique. La crémation est extrêmement chère et on peut comprendre que la solution de l’équarrissage ne séduise pas la majorité des propriétaires surtout lorsqu’ils sont confrontés à la vision du corps de leur compagnon de route balancé dans le camion avec les carcasses des autres animaux. Pour avoir plus d’informations sur le devenir du corps, consulter cet article sur comment dépasser la mort de votre cheval.
Ne pas être présent lors de la mort ou de l’euthanasie de son animal peut également fortement troubler le propriétaire. Il risque de se poser des questions sur la manière dont cela s’est passé et va s’imaginer le pire.
Qu’est-ce qui vous attend sur le chemin du deuil ?
Les médecins constatent une hausse de fréquentation de la part de personnes frappées de deuil, notamment lors du deuil animal. Détresse, perte des repères, manque absolu après le départ du compagnon, le chagrin face à la mort entraîne des troubles pathologiques qu’il ne faut pas ignorer. Car différentes manifestations psychologiques et physiologiques sont associées au deuil.
Dans un premier temps, juste après le décès, un afflux hormonal important neutralise l’émotion et met la personne comme dans un cocon qui lui permet de supporter le choc et d’éviter de s’écrouler psychiquement. Par contrecoup et sous l’effet du stress causé par la prise de conscience et du vide laissé, des manifestations apparaissent progressivement ou en masse, différentes suivant les gens.
Les manifestations émotionnelles
On peut avoir les nerfs à fleur de peau, être plus sensible et facilement irritable. On peut ressentir des sentiments mêlés de colère, d’abandon, d’anxiété, de désespérance ou de culpabilité, avec une intensité plus forte qu’auparavant.
« J’ai l’impression de l’avoir abandonné, de ne pas avoir fait tout ce que j’aurais dû faire. J’ai l’impression que je n’arrêterais jamais de pleurer. Je m’en rends malade, je n’arrive plus à vivre la vie que j’avais avant » raconte Sibylle.
Les manifestations intellectuelles
La phase dépressive peut s’accompagner d’un ralentissement de la pensée, d’une tendance à ressasser les choses, et d’une perte d’intérêt pour le monde environnant.
Pour Nicolas, il ne sait vraiment plus quoi faire … ! « Mon cheval a emporté une partie de moi en mourant … »
Les manifestations physiques
Elles sont surtout présentes pendant la phase de chagrin et dépression : pleurs, sanglots, soupirs, difficultés à dormir, absence d’appétit. Après la mort d’un animal de compagnie, le chagrin peut être plus fort mais sera normalement plus bref. Toutes les fonctions étant touchées, il est normal que le maître se sente malade physiquement.
« Mon cheval m’a quitté il y a un mois et depuis je ne mange plus, je ne dors plus, je n’en peux plus de la vie… » témoigne Caroline.
Les manifestations sociales
Volonté d’isolement, irritabilité, jalousie, égarement. Le maître peut se désintéresser de tout ce qui ne concerne pas son animal.
Les manifestations spirituelles
Abandon de ses croyances ou au contraire raffermissement de celles-ci et marchandage avec dieu…
Ces manifestations surviennent à l’annonce du décès mais également tout au long du processus de deuil. Ils disparaissent progressivement ou perdurent, constituant pour certaines personnes un véritable handicap, voire un sérieux risque de santé.
Quand est-il nécessaire de se faire aider ?
Plusieurs situations méritent d’avoir recours à un professionnel du deuil animal.
– Votre cheval est mort depuis des mois et vous êtes encore submergés par la douleur quand vous pensez à lui. Vous ne pouvez pas voir un autre cheval sans fondre en larmes.
« J’ai perdu ma belle Ketty il y a maintenant 9 mois. Pourtant rien n’a changé, cette douleur insupportable est toujours présente. Je sais que je dois continuer à vivre mais la vie est si dure. » dit Albert en pleurant.
– Vous ne trouvez même plus de soulagement à parler de votre chagrin avec les personnes de votre entourage qui ne vous reconnaissent pas dans cette situation. Vous ne semblez pas progresser face à votre souffrance.
– Le manque est tellement présent que vous songez qu’à le rejoindre pour le retrouver.
– Vous êtes entrés dans un processus d’autodestruction (anorexie, boulimie, alcoolisme, drogue…) et vous ne pouvez toujours pas reprendre votre travail.
– Vous êtes toujours incapable de renouer un attachement avec un autre animal
« On m’a conseillé de prendre un autre cheval, mais c’est elle que je veux retrouver, elle avec notre complicité » raconte Jeremy.
– Votre attitude face à la vie est devenue totalement négative et vous n’arrivez pas à reprendre le cours de votre existence.
Ces situations décrites sont des situations extrêmes qui nécessitent vraiment une prise charge. Il est d’ailleurs préférable de se faire aider bien avant pour éviter d’en arriver là.
Dispositif d’accompagnement deuil animal
Groupes de parole autour de la mort et du deuil
Professionnel du soutien deuil
Pour terminer voici le témoignage d’Eric Lamaze, 4 jours après la mort de son cheval Hickstead, victime d’un accident sur une terrain de concours de Vérone
« On choisit ce sport parce qu’on l’aime, mais on le choisit aussi parce qu’on aime les animaux. Quand ils meurent ce n’est pas comme briser un bâton de hockey ou une raquette de tennis. Il a changé ma carrière et il représentait tout pour moi. Beaucoup de gens disent que quand tu as un rapport très fort avec un cheval, tu deviens un peu comme lui ou que le cheval devient un peu comme toi. On avait un peu la même personnalité. On était deux gagnants, on avait la même énergie, qui se transformait en choses incroyables. En tout cas maintenant si on me demande pourquoi je l’aimais je répondrais tout simplement : Parce que c’était lui, parce que c’était moi, parce que c’était nous. »
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Le cheval de ma vie est parti il y a 25 jours. Nous avons vécu de belles choses durant plus de 23 ans. Je suis inconsolable. J’aimerais échanger avec une personne qui a partagé la vie d’un cheval au moins autant de temps…
Bonsoir, j’ai perdu ma jument il y a 1an le 18 avril 2018, 18ans d’amitié et d’amour inconditionnel….et si je lisais cet article et que je lis ton message c’est parce que cette perte me fait encore beaucoup souffrir…
Une pensée pour toi et ton compagnon, je compatis.
Plein de courage à toi
J’ai perdu mon amour de cheval d’à peine dix ans le 25 octobre 2018. Ses ulcères très graves ont eu raison de lui. Cela fait 8 mois maintenant. On avait tellement une grande complicité, ce n’était pas un cheval comme les autres. Il aimait tout le monde, il n’a jamais fait de mal a une mouche , tout le monde le trouvait très attachant. Je l’ai eu bébé j’ai tout fait avec lui, je l’ai débourré je lui ai tout appris. On m’a pris ma force mon énergie ma vie! Une partie de moi s’est envolée avec lui. Il me manque terriblement. Pas un seul jour ne passe sans que je pense à lui. On m’a dit qu’il fallait du temps certes… La douleur ne s’efface pas et je ne cesse de rêver de lui et de me réveiller en pleurant.
Bonjour,
Parfois, en parler juste une fois, ça suffit ! Faites-vous aider, je suis là pour ça. Bon courage et belle journée
Bonsoir,
Hier j’ai du prendre la décision d’endormir ma ponette de 38 ans après 20 ans passés ensembles. Mon premier cheval, reçue pour mes 10 ans….
A cet âge je m’étais préparé à la voir partir mais pas à l’absence. Je ressens un vide immense même si je ne regrette pas ma décision. Elle a vécu intensément jusqu’à la fin. Le jour d’avant elle faisait encore la folle dans son parc. Puis elle s’est couché dans la nuit et on a pas réussi à la relever. Elle m’a fait comprendre qu’elle voulait partir. Elle s’est endormie dans mes bras entourée de toute notre famille.
Pour le moment je laisse couler mes larmes en me rappelant tous les souvenirs magiques qu’elle m’a offert. La douleur finit par s’estomper j’espère mais le souvenir jamais.
En pensées avec toi…
Merci pour ce très beau partage. Oui, la douleur va s’atténuer et le souvenir est de plus en plus vivant au fil du temps. Et puis, vous la retrouverez un jour. Lumière pour elle et pour vous
Bonjour Francoise. Je me reconnais à travers vos mots. C’est pourquoi je vous raconte mon histoire pour avoir votre soutien. J’ai 25 ans j’ai toujours rêvé d’avoir mon proposé cheval, j’ai donc décidé de faire reproduire la jument que je montais afin d’avoir un poulain. C’est un projet que nous avions avec sa propriétaire. 9 mois plus tard nous avons vécu la naissance d’une magnifique petite pouliche grise. C’était merveilleux, mon rêve se réalisait et je l’aimais déjà énormément. J’ai donc confié Haize Hegoa à un éleveur pour 8 mois en attendant de pouvoir la ramènera chez moi, au pays basque après le sevrage. Elle est arrivée au printemps 2018 et c’était le début d’une Merveilleuse histoire ! Je m’en occupais comme si elle était une princesse… nous avons vécu de magnifiques moments et que de bonnes choses. Je lui ai tout appris, elle avait confiance absolue en moi. C’était tellement touchant de la voir arriver des qu’elle entendait que je l’appelais au pré… puis quelques jours avant ses deux ans elle fut atteinte de la gourme, une maladie pourtant banale qui l’a dévastée en un peu plus d’une semaine suite à plusieurs abcès sous sa tête et certainement un abcès caché au niveau cérébral qui a entraîné sa mort. Je repasse en boucle dans ma tête ce moment où on m’a appelé, j’étais à peine rentrée chez moi, je venais de revenir des écuries ou je suis allée la soigner ….. « Il faut que tu viennes la jument n’est pas bien ! Elle vient de tomber et elle a des spasmes ! Appelle un véto en urgence ! Elle a du mal à respirer, écoute …… elle ne respire plus, je crois qu’elle est MORTE là……. » a peine le temps de faire demi tour et de la retrouver étalée sur le sol, inerte. Je la caressais, je lui disais « réveille toi beauté, s’il te plaît…. » j’ai cru l’entendre respirer mais ce n’était qu’illusions. C’était tellement dur. Surtout quand j’ai entendu dire le vétérinaire que nous avions manqué de chance et que nous n’aurions rien pu faire. Pourquoi si jeune ??? Mon amour s’est envolé je l’aimais tant.
C’était il y a 3 jours. Je ne fais que ressasser en boucle cette fin tragique et ces mots difficiles à entendre. Je cherche ce que j’auraI pu faire pour la sauver. Et ce qui aurait pu éviter le pire. J’ai aujourd’hui le pire des sentiments qui est le manque de ma protégée, mon amie, ma confidente…
Je comprends complètement votre chagrin et je pense à vous très fort. Je n’ai aucun mot pour vous car dans ces premiers jours de deuil, il n’y a aucun mot. La seule chose qu’on a envie d’entendre c’est qu’elle est ressuscitée. Mais j’ai quand même envie de vous dire qu’elle n’est pas loin, juste de l’autre côté du mur. Son trop court passage dans votre vie signifie forcément quelque chose. Soyez attentive au moindre signe. Nous sommes tous reliés et cette rencontre n’est pas fortuite.
Je vous serre dans mes bras très fort
N’hésitez pas à m’appeler 06 87 39 12 25
J’ai perdu ma jument il y a 2ans et encore aujourd’hui je pleure..je la voyais que pendant les vacances car elle était chez quelqu’un que je connaissais et j’allais l’as bas tt les vacances (été,hiver) mais elle a fait une collique 2semaine après que je sois rentré chez moi quand on me l’a dis j’étais dévasté et pendant 1mois je pleurai chaque jour meme en cour.mais bref encore en 2019 je suis triste et j’en m’en remets pas….. mais c’est la vie.💔